Portes ouvertes Samedi 9
et Dimanche 10 décembre 2006

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Les informations sur la filière

Nous ne vous apprendrons rien en vous disant que la filière viticole est en crise.
Or qui dit crise dit, en plus du jeu des chaises musicales dans les grosses structures, remises en question et réformes. C'est toujours regrettable d'attendre la crise pour se poser des questions ... et difficile alors de trouver les bonnes réponses.
Vous avez peut-être également entendu parler de la refonte possible de l'INAO, Institut National des Appellations d'Origine dans un plus vaste organisme dit de la qualité. L'Inao est théoriquement garant d'une éthique pour les vins d'appellation, c'est-à-dire issus de terroirs déterminés et de pratiques culturales données, plus restrictives que celles appliqués aux vins de pays ou aux vins de table.
Tout est en discussion actuellement. Beaucoup de bruits et de rumeurs circulent. S'il en ressort qu'il faut arracher les vignes plantées sur les terres à maïs, distiller des excédents de vin, remodeler les AOC, pourquoi pas ?

[... 250 vignerons indépendants dont beaucoup font partie de l'élite du vignoble français ...]

En effet, aujourd'hui, la garantie de qualité est-elle supérieure lorsqu'on achète un vin d'AOC ? Non, ni en terme de goût, ni en terme d'intégrité de produit (au sens, vin sain, exempt de résidus de produits chimiques...), et de moins en mois en terme d'identité.
Les système des AOC est né en 1908 en réponse à la crise qui a secoué le vignoble français. La délimitation des terroirs et la validation des pratiques viticoles a été l'aboutissement d'un long travail de terrain. Ce système fait référence dans le monde entier.

[... Aujourd'hui, la qualité est-elle supérieure lorsqu'on achète un vin d'AOC ? ...]

Les conditions relativement strictes de production et la complexité du canevas des Aoc françaises ont souvent été mises en avant pour expliquer la perte de vitesse des vins français par rapport aux vins des pays du "Nouveau Monde".
Nous militons au sein de l'association "Sève", avec 250 vignerons indépendants, dont beaucoup font partie de l'élite du vignoble français, pour la sauvegarde du système et pour que les réformes en cours n'aboutissent pas à un nivellement par le bas des AOC (qui conduirait inévitablement à la simple production de vins sans vice ni vertu). Les vignerons de Sève soutiennent l'idée de clarifier l'offre de vin. Le syndicat de chaque AOC actuelle, interlocuteur privilégié de l'INAO, devra alors choisir entre deux catégories:
la première, qu'on appellerait AOC ou AOCe (e pour excellence), très exigeante: traitements de la vigne avec des produits de contact, en opposition aux produits systémiques qui entrent dans la plante pour la protéger, pas de désherbants, pas de palliatifs aux aléas climatiques, pas de correctifs en cave, uniquement des levures indigènes - en opposition aux levures exogènes et sélectionnées pour certaines caractéristiques - etc .

[... des vins douteux et parfois même déviants en bouteille, avec le label AOC ...]

la deuxième, appelée simplement AO, regrouperait les vins d'appellation qui ne souhaitent pas répondre aux criètes des AOCe, plus certains vins de pays de qualité produits sur cette zone. Cette catégorie ouvrirait également ses pratiques à l'irrigation, les copeaux de bois ... et répondrait ainsi à l'assouplissement des règles demandé. On y trouverait des vins plus technologiques, plus simples. Sur les zones définies en AO, des vignobles d'exception, aux pratiques hautement qualitatives pourraient revendiquer le classement en STE (Site et Terroir d'Exception).
Les vignerons de Sève, pour certains de vrais personnages dans le monde du vin dont la notoriété dépasse largement nos frontières, soutiennent également la réforme des agréments. Tous les ans, les vignerons présents sur une aire d'appellation et qui en respectent les règles doivent soumettre leur vin à l'agrément pour pouvoir prétendre à l'appellation donnée.
L'agrément se fait en deux étapes,
une analytique: le vin doit répondre à certains critères (degré, sucres résiduels ...) et l'autre sensorielle (dégustation). Sur certaines AOC, dont Buzet, les dégustations sont faites dans l'année qui suit la récolte ou exceptionnellement celle d'après. Les vins sont donc à peine finis et dégustés avant élevage. une fois l'agrément passé, le millésime est labellisé, peu importe qu'il soit mis en bouteille le lendemain ou dans 10 ans. Pour l'instant, les contrôles après la mise en marché ne sont pas systématiques et plutôt rares.
C'est ainsi que l'on trouve des vins douteux et parfois même déviants en bouteille, avec le label AOC. On semble aujourd'hui s'orienter vers une dégustation la plus proche possible de la mise en marché, sage décision: on présenterait alors des vins finis et prêts à être mis en bouteille. L'association Sève pointe aussi du doigtl'évolution de la filière. Le style des vins a énormément évolué ces dernières années, les goûts et les habitudes des consommateurs également.
Doit-on pour autant accepter la standardisation des vins dans la pluralité de nos appellations et se faire amadouer par ces vins aguicheurs ?
C'est ainsi que nombre de vignerons de Sève ont vu certaines de leurs grandes cuvées, parfois même des millésimes entiers refusés à l'agrément: le formatage pousse à écarter ce que l'on ne (re)connaît pas.
Nous sommes donc en bonne companie puisque nos millésimes 2003 et 2004 sont en vin de table. On nous a expliqué qu'ils sortaient du moule, de la moyenne, qu'ils étaient "atypiques".
Nous les avons fait goûter à beaucoup de monde, à de grands professionnels du vin, français ou étrangers. Personne ne comprend cette décision. Le commentaire récurrent est que nos vins sont hors la norme d'une appellation qui s'oriente principalement vers la production de vins quelconques, "fruités et gouleyants".
Cette épreuve nous a obligé à rebondir. Nous sommes allés à la rencontre des sommeliers des restaurants étoilés, des cavistes pointilleux, à la recherche de vins exceptionnels .... on nous a réservé un accueil plus que chaleureux (référencement sur une dizaine de cartes d'étoilés en l'espace de quelques mois et pourtant les places y sont chères !). Ludovic a récemment rencontré un étoilé parisien qui lui confiait avoir plus de 75% de vins de table à sa carte. Ne marcherait-on pas sur la tête ??
Nous avons également de nombreuses retombées à l'étranger, avec les marchés britannique, danois, allemand, brésilien, asiatique qui se confirment ou s'ouvrent à nous. Les interlocuteurs que nous y rencontrons sont en effet à la recherche de vins de qualité à forte identité.

[... nos vins sont hors la norme d'une appellation ...]

Ces signaux positifs nous encouragent à poursuivre notre chemin vers la production d'un vin sain et vivant; la biodynamie, les vendanges manuelles, l'abaissement maximum des doses de soufre dans les vins, la conscience que chaque geste sur la vigne ou le vin compte, que rien ne peut, ne doit être fait au hasard.
Ce n'est certainement pas le chemin de la facilité, c'est de la haute-voltige sans filet parfois, cela requiert une énergie et une volonté pugnaces.
Nous espérons vous avoir donné quelques outils de compréhension pour décrypter ce qui vous attend en temps que consommateurs et amateurs de vin. Nous comptons sur vous pour ne pas vous laisser endormir par le chant des sirènes.
Sachez que votre fidélité, votre soutien, le plaisir que vous avez à boire nos vins et à venir nous voir sont nos meilleures récompenses.

... alors à bientôt !